Le rôle de la jeunesse dans la construction nationale : l’exemple d’Adolf Ngoso Din

Discours prononcé par le Prince Kum’a Ndumbe III, Professeur à l’Université de Yaoundé I à l’occasion du Tet’Ekombo 2009, 95è commémoration de la mort de Rudolf Douala Manga Bell et Adolf Ngosso Din & La Journée Internationale des Peuples Autochtones,Douala, Salle des Fêtes d’Akwa, mercredi 05 Août 2009, 19H.

Adolf Ngosso Din s’embarque clandestinement dans un bateau à Douala pour aller défendre les intérêts de son peuple et de son pays en Allemagne. Il avait à peine trente ans. Un jeune à la fleur de l’âge s’expose, s’exile, pour dire non à l’opprobre, à l’oppression coloniale, à l’injustice de la ségrégation raciale  dans son Cameroun natal, pour obliger l’administration coloniale allemande qui s’est emparé de son pays à respecter les engagements signés en 1884 lors du transfert de souveraineté. Un jeune qui a su dire non, conscient des dangers qu’il encourait, mais dont le coeur battait plus fort pour la cause de son peuple. « Moi, risquer ma vie pour que les autres restent manger derrière ? Garde ça pour toi. Jamais !» nVoilà ce que nous entendons de la bouche des jeunes et des adultes aujourd’hui dans ce Cameroun en mal de patriotisme. Celui qui croit en la nation est devenu un idiot, celui qui s’engage pour la chose publique dans ce Cameroun de 2009 est pris pour un illuminé et devient victime de la risée publique. Tant pis pour ces attardés mentaux qui ne participent pas au sport favori de la corruption et du détournement des deniers publics. Le Cameroun a déjà gagné deux fois le trophée mondial de la corruption. Et certains veulent encore nous bourrer les oreilles avec des blablablas sur l’intérêt supérieur de la nation ? « De quoi parlez-vous même là ? Sauve qui peut, dès que je peux, je détourne ma part, au plus vite, et je me casse à Mbeng. Point barre ! » Voilà où nous en sommes aujourd’hui, au Cameroun et dans plusieurs pays africains, bientôt cinquante ans après les indépendances.

Les enjeux à l’époque de Ngosso Din
Que dire donc des jeunes à l’exemple de Ngosso Din qui iront jusqu’au sacrifice suprême, lui et tant d’autres qui seront pendus par les Allemands en 1914 ? Ngosso Din est mort parce qu’il se battait aux côtés de ses pères et mères, aux cotés des aînés et des plus jeunes, pour le respect des clauses-ci, engageant le gouvernement allemand chez nous :n“Our cultivated ground must not be taken from us, for we are not able to buy and sell as other country”. (Nos terres cultivées ne doivent pas êtres expropriées car nous ne sommes pas capables d’acheter et de vendre comme les autres pays). Le gouvernement allemand s’engage à respecter cette condition dans un texte intitulé « Wünsche der Kamerun Leute – Souhaits des Camerounais » signé par le consul impérial allemand Emil Schulze le 12 juillet 1884. C’est seulement après la signature de ce document que les Rois Bell (Ndumb’a Lobe), Akwa (Dika Mpondo) et Deido (Jim Ekwalla) vont signer le même 12 juillet 1884 un traité de transfert de souveraineté au Reich allemand, mais toujours avec entre autres deux restrictions majeures:n

  1. that the land cultivated by us now and the places, the towns are built on shall be the property of present owners and their successors (Que les terres cultivées par nous maintenant et les places où sont construites nos villes restent la propriété des ayant droits actuels et de leurs successeurs)
  2. that the Coumie shall be paid annually as it has been paid to the Kings and Chiefs before (Que la douane sera payée annuellement comme d’habitude aux rois et chefs)

nDès que les Allemands vont s’emparer du Cameroun, ils vont tout restructurer à leur avantage. Le gouverneur Eugen von Zimmerer ne déclarait-il pas le 4 février 1892 : « Nos intérêts allemands conçoivent le protectorat par l’Allemagne au Cameroun comme la protection des intérêts des blancs contre la concurrence des noirs ». Le 15 juin 1896, une loi, la « Kronlandgesetz », déclarera nos terres vacantes et les transformera en terres de la couronne allemande que l’Empire allemand pourra mettre à la disposition de qui il voudra, octroyant un titre de propriété, un « Grundbuch », donc un titre foncier à des individus, à des sociétés ou à l’Etat. Cette loi sera suivie d’une autre, la loi sur l’expropriation du 14 février 1903. C’est donc le colonisateur allemand qui va apporter la notion de propriété privée de la terre chez nous, en introduisant le titre foncier. nOr la conception fondamentale de l’Africain que nous sommes est que la terre est la terre des ancêtres, qu’elle est une propriété collective dont une parcelle peut être octroyée à tel ou tel pour habitation ou exploitation à un moment donné. Non seulement le colonisateur fera fi de cette conception, mais il nous arrachera nos terres par le droit introduit selon ses coutumes à lui, et selon les besoins de la restructuration économique de notre pays à son profit exclusif. C’est contre cela que le Roi Rudolf Douala Manga Bell sera désigné à Douala comme leader pour défendre les intérêts des peuples camerounais, et il prendra contact avec des rois d’autres royaumes camerounais, pour leur demander de s’associer à cette lutte commune. Il contactera les rois de Yabassi, Dschang, Yaoundé, Bamoun, Banyo, Ngaoundéré, Bali, Baham entre autres. Des jeunes comme Ngosso Din vont s’associer à ce combat.

Douala Manga Bell aura un soutien intime au sein de la famille des Bell et Doo Doo, celui de Lock Priso, Kum’a Mbape, roi des Bele Bele à Bonabéri qui entretenait déjà une bonne entente avec Manga Ndoumbe, fils de Ndoumbe Lobe et King Bell de 1897 à 1908. En effet, Lock Priso vivra et survivra les règnes de ses neveux et petits-neveux King Bell que sont Ndoumbe Lobe, Manga Ndoumbe et Douala Manga, installés sur l’autre rive, puisque le roi de Bonabéri ne mourra qu’en 1916. C’est Lock Priso qui avait le pouvoir et le devoir d’installer tout nouveau roi chez les Duala et apparentés, et c’est lui qui intronisera Duala Manga Bell. Kum’a Mbape avait été le seul à refuser de signer le traité du 12 juillet 1884, refusant l’argent de la corruption que les agents commerciaux allemands lui proposaient pour qu’il signe enfin. nQuand les Allemands vont hisser le drapeau sur Bonabéri, il le fera descendre et écrira au consul allemand qu’il n’acceptait pas une autorité étrangère. La première guerre contre le premier résistant camerounais va éclater en décembre 1885. Lock Priso signera en janvier 1885 sous la contrainte militaire, mais il restera égal à lui-même, opposé à toute domination coloniale. Ses relations avec Douala Manga Bell resteront très étroites, d’autant plus que le baobab des Bell se trouvait à Bonabéri, sous le contrôle de Kum’a Mbape Bell, alias Lock Priso. Or un King Bell ne s’engage pas sans d’abord entrer dans le baobab des Bell à Bonabéri. Tous ces personnages historiques sont merveilleusement décrits par Karin Oyono dans ses romans historiques en trois volumes, « Hickory Town », dont la publication aux Editions AfricAvenir/Exchange & Dialogue a commencé avec le tome premier.

Aujourd’hui, moi, Kum, fils de Ndumbe III, lui-même fils de Lock Priso, je ne fais que remplir mon devoir de restitution de la mémoire, sans complaisance.

La tribalisation de l’écriture historique et la tribalisation de la mémoire d’un peuple

C’est qui est étrange dans ce Cameroun du « diviser pour mieux régner » depuis 1960, c’est la tribalisation de l’écriture historique par les historiens camerounais eux-mêmes. Le traité du 12 juillet 1884 est appelé « Traité germano-duala », donc c’est le traité des Duala, et Douala Manga Bell est mort parce qu’il aurait défendu les intérêts des Duala. C’est pour cela aussi que la commémoration de sa pendaison serait une affaire des Duala et non des autres Camerounais.

Le document que Emil Schulze, le consul allemand va signer le 12 juillet 1884 se termine par cette phrase : « We are the chiefs of Cameroons » (Nous sommes les chefs du Cameroun). Le fameux traité du 12 juillet 1884 lui même commence en ces termes :

„We, the undersigned independent Kings and Chiefs of the country called Cameroons ….voluntarily concluded as follows : Nous, soussignés, rois et chefs independents du pays appelé Cameroun, … décidons volontairement comme suit: nLe texte du traité est conclu en ces termes: Cameroons the twelfth day of July thousand eight hundred and eighty four.”  (Cameroun, le douze juillet mil neuf cent quatre vingt quatre)

Parmi les 95 traités de transfert de souveraineté ou d’allégeance que l’Allemagne va signer surtout par la suite sur l’ensemble du territoire, aucun autre ne portera la mention « Nous, rois et chefs du Cameroun ». Or, c’est aussi ce texte du 12 juillet 1884 qui permettra à l’Allemagne de gagner à la conférence de Berlin, où les Européens vont se partager le gâteau africain, son grand protectorat « Kamerun ». Même quand les Allemands vont s’emparer de notre pays en 1884, il faudra attendre le 1er janvier 1901 pour que « Cameroons Town » soit débaptisé en ville de Douala, et les « Cameroons People, Kamerun-Leute » seront désormais appelé les Duala. Il est clair, les Duala sont les Camerounais d’origine, pendant quatre siècles, les autres peuples de l’intérieur du pays, Hinterland dans les textes, seront appelés Camerounais par extension à partir des frontières tracées à la Conférence de Berlin en 1885.

Il est temps que soit mis un frein à la tribalisation de l’écriture historique au Cameroun, et que les textes soient cités tels qu’ils ont été rédigés à l’époque historique de leur confection. nLa compilation par le parlement allemand des textes du combat de Douala Manga Bell et Ngoso Din connue sous le nom de « Solf-Denkschrift » ne laisse planer aucun doute que Douala Manga Bell s’est battu pour le Cameroun et non pas seulement pour les Duala, et c’est grâce à ce combat que la puissante Allemagne n’a pas pu tenir plus de deux ans au Cameroun dès que la Première guerre Mondiale fut déclenchée. En 1916, les Allemands avaient capitulé chez nous, même si cette guerre a duré jusqu’en 1919.

Douala, plaque tournante financière et économique, reste Cameroons Town
Jusqu’aujourd’hui en 2009, « Cameroons Town » ou Douala reste la porte d’entrée et de sortie du Cameroun moderne, et les recettes de toute la douane camerounaise se négocient à plus de 93% à Douala. On comprend mieux à ce moment-là les restrictions stipulées dans le traité germano-camerounais du 12 juillet 1884 :n2.    that the Coumie shall be paid annually as it has been paid to the Kings and Chiefs before (Que la douane sera payée annuellement comme d’habitude aux rois et chefs)

Il y avait encore en 1884 quatre coumies ou douanes à “Cameroons” : celle des rois Bell (Ndoumb’a Lobe),  Akwa (Dika Mpondo), Deido (Jim Ekwalla), Hickory Town/Bonabéri (Lock Priso ou Kum’a Mbape). Les Allemands vont supprimer le monopole de la douane par les rois du Camerooons et vont se l’approprier exclusivement, sans aucun dédommagement. Ce sont ces 4 douanes du « Cameroons river », fleuve Wouri, qui constituent aujourd’hui encore l’essentiel de la douane camerounaise et qui rapportent toujours plus de 93% de la douane de l’ensemble de notre pays. nOn comprend donc que les enjeux étaient de taille. Les Allemands vont s’acharner sur les Camerounais d’origine, les Duala, car c’est en les cassant qu’ils pourront dominer l’ensemble du pays. Les Européens n’avaient pas le droit de faire du commerce sur la terre ferme, ils étaient obligés de rester sur leurs petits bateaux appelés « hulks ». Des blocus commerciaux contre ces Camerounais qui détiennent le monopole du commerce export-import seront érigés par les Européens le 12 septembre 1884, puis en 1886 et en 1889. Par un arrêté du 19 juin 1895, le gouverneur allemand interdit purement et simplement tout commerce aux Duala, détenteurs du monopole commercial, un autre arrêté de police interdira aux Duala l’emploi d’ouvriers wey, disponibles dans la région côtière. Beaucoup de Camerounais, même la plupart de nos éminents économistes,  ne savent pas qu’à l’arrivée des Européens chez nous, ils vont trouver une unité monétaire, le kroo (kru, croo ou crew), pour les transactions internationales, et le mbom pour le commerce à l’intérieur du pays. nOr, en 1884, 1 kroo camerounais valait 20 Mark du Reich allemand. Un kroo se décomposait en 4 keg, 8 piggin, ou 16 bar. Un mbom valait 12 bar, soit 15 Mark, même si le mbom ne se négociait pas avec le mark, parce destiné uniquement aux transactions à l’intérieur du pays. Dès que les Allemands prennent le pouvoir chez nous, ils dévaluent l’unité monétaire camerounaise et établissent la parité 1 kroo à 12 Mark, puis survient une deuxième dévaluation de 1 kroo à 10 Mark, et pour mettre fin à tout cela, un décret du gouverneur du 6 avril 1894 supprime les transactions en kroo et impose le Reichsmark allemand comme seule unité monétaire de transaction sur notre territoire. nC’est donc depuis ce 6 avril 1894 que nous perdons notre souveraineté monétaire et que nous utilisons une monnaie qui n’est pas la nôtre, même si les Comptoirs Français d’Afrique (CFA) se muent de 1945 à 1958 en Communauté Française d’Afrique (CFA) et  se déclinent aujourd’hui en Communauté Financière Africaine (CFA). En 1900, les Européens réussiront à établir déjà 92 comptoirs sur terre camerounaise. Le Camerounais qui refuse de se plier à ce nouvel ordre est exécuté, exilé, mis en prison, soumis aux travaux forcés ou reçoit une fessée publique de « fünfundzwanzig », une ou plusieurs unités de vingt cinq coups de fouets sur les fesses nues, le corps plié sur un tonneau. Tout le monde y passe, y compris nos dignitaires. C’est contre ce fléau que des jeunes comme Ngosso Din , né en 1884 et s’engagent aussi dans le combat pour laver la honte dès 1913, à côté de leurs aînés qui donnent l’exemple, comme Douala Manga Bell dont il fut le secrétaire. nNgosso Din s’embarque clandestinement depuis Tiko, arrive en Allemagne, travaille avec les avocats Halpert et Gerlach, fait déclencher des débats au Reichstag, le parlement allemand, et le gouvernement est interpellé par les députés sur sa gestion du protectorat Cameroun et sur les mesures d’expropriation. La presse allemande s’en mêle et parle du scandale au Cameroun. Avant que la police allemande ne l’arrête à Berlin le 15 mai 1914 et ne l’expédie manu militari au Cameroun le 24 mai, Ngoso Din aura accompli sa tâche : rendre public au cœur de l’Allemagne la gestion scandaleuse du protectorat Cameroun par le gouvernement allemand. Jeunes Camerounais de 2009, avez-vous entendu ce qu’un de vos compatriotes d’à peine trente ans aura accompli pour la nation dans un contexte de ténèbres coloniales plein de racisme ? L’Allemagne doit des excuses au Cameroun pour tous ces meurtres. Mais pas seulement l’Allemagne. Nous attendrons le temps qu’il faudra, mais nous veillerons, et je demande à notre jeunesse de porter le flambeau de cette réclamation.nVivre avec une mémoire effacée
Le drame de notre peuple, c’est qu’on l’oblige à vivre avec une mémoire effacée depuis l’emprise coloniale. Si on vous efface votre mémoire, allez-vous retrouver le chemin de votre maison ? Vous ne saurez même plus qui vous êtes. A Douala, à la place prestigieuse de notre ville, vous chercherez en vain le monument de Douala Manga Bell ou de Ngosso Din. Or à quelques pas de la pagode, la maison de Douala Manga Bell, vous trouverez le monument du soldat inconnu et quelques pas plus loin, devant la Poste Centrale, le monument du Général Leclerc. Ces deux monuments glorifient les hauts faits des Français et des Africains à la solde des armées européennes lors des deux guerres dites mondiales. nOr ces guerres ont été déclenchées parce que les Européens se disputaient la redistribution des richesses mondiales et le leadership mondial. Nous, les Africains, y avons été embarqués par contrainte pour servir de chair à canon et aider l’un ou l’autre maître colonial à s’assurer la victoire et à mieux nous dominer encore chez nous. Le monument du Général Leclerc et celui du soldat inconnu à Douala doivent être déboulonnés et mis au musée de la domination coloniale. Nous devons le faire, maintenant, en toute souveraineté, sans porter atteinte à notre amitié au peuple français.

Le héros national du Cameroun Rudolf Douala Manga Bell, mort pour la patrie en 1914, doit trôner à la place de la Poste Centrale à Bonanjo et tous ceux qui ont été exécutés pour avoir adhéré à la cause de notre libération dès 1914 doivent avoir un monument à la place du soldat inconnu. Une place de la jeunesse à Douala avec un monument Adolf Ngosso Din doit rappeler à tout un chacun la bravoure de nos jeunes, leur amour pour la patrie et le courage de ces jeunes qui savent dire non quand le pays est en danger. Et que dire de la place qui revient à Ruben Um Nyobe, héros de la lutte pour l’indépendance ? Jusqu’à quand faudra-t-il attendre pour que Um Nyobe ait une statue et une grande place digne de son combat et de son abnégation à Douala, premier carrefour de tout le Cameroun ? Et Monseigneur Albert Ndogmo ? Et Jean Marc Ela ? Et Lock Priso/Kum’a Mbape qui a commencé ce combat à la première heure de la nuit coloniale, dès décembre 1884 ? Et Martin Paul Samba, et le chef Madola de Kribi, et les lamibés de Kalfu et de Mindif ? Et tous ceux qui sont morts pour avoir aimé notre pays, quand nos rues porteront-elles leurs noms pour activer notre mémoire collective et donner des repères à nos populations ? Nous avons déjà trop attendu, ça suffit !nSi Barack Hussein Obama venait à Douala, comme à Accra, c’est à la Place du Général Leclerc que nous l’amènerions pour célébrer notre mémoire ? Le Cameroun est en panne de mémoire. On ne pourra plus étouffer et refouler les hauts faits de nos héros.  nMotion de soutien et comités de vigilance contre la corruption!
Dans le Cameroun d’aujourd’hui, nous donnons à notre jeunesse la culture des motions de soutien. Motion de soutien au chef de l’Etat pour n’importe quoi, souvent pour mieux se cacher et commettre l’opprobre contre notre patrie et rester impuni, motions de soutien pour dire au chef de l’Etat : pardon, regarde-moi aussi, nomme-moi à un grand poste, pour que je puisse avoir accès au trésor public et que je détourne ma part au plus vite ! Motion de soutien au chef de l’Etat, pour que l’opération épervier ne me soupçonne pas et que je continue à voler tranquillement. Pensez-vous que le Président Biya, avec son expérience politique et ses réseaux a besoin de vos motions de soutien pour se représenter en 2011 ? nS’il veut se représenter, il va le faire, même sans vos motions de soutien. Si vous voulez soutenir l’action du chef de l’Etat Paul Biya, créez des comités de vigilance contre la corruption dans vos quartiers, dans vos entreprises, dans vos écoles, dans vos marchés, dans vos ministères, dans vos églises, pour dénoncer tout cas de fraude, de détournements, de vol de deniers publics. En vous engageant ainsi, vous soutiendrez l’action que le Président Paul Biya a voulu engager dès 1982, action connue sous les noms de « rigueur et moralisation ». En allant dans ce sens, vous donnerez à notre jeunesse de 2009 de nouveaux repères, vous engagerez la jeunesse sur une nouvelle voie de construction nationale, vers un nouvel espoir. nEn établissant des repères visibles avec des monuments dignes sur l’ensemble du territoire camerounais, des monuments montrant les chemins de la dignité africaine et camerounaise, en exhibant des comportements patriotiques sans chauvinisme au quotidien, nous aiderons notre jeunesse à se retrouver, à renouer avec le goût de construire sur place au lieu de rêver s’exiler en Europe ou en Amérique du nord. Alors, nous ne dirons plus : « cent bateaux attendaient au port de Douala et embarquaient tous ceux qui voulaient partir, mais il n’y a pas eu suffisamment de places, et les gens se sont entretués pour pouvoir monter dans l’un des bateaux ». Non ! Alors, nous ne raconterons plus ce genre d’histoires. Les jeunes seuls ne pourront pas bâtir un pays différent, tant que nous les aînés ne donneront pas l’exemple, tant que nous ne tracerons pas les chemins de dignité et ne vivrons pas avec une éthique dictant nos comportements quotidiens. Il ne faut pas que des jeunes comme Ngosso Din soient morts pour rien, il ne faut pas que Douala Manga Bell soit mort pour rien. Le défi, nous le relevons, ensemble, pour un Cameroun debout, pour une Afrique debout !

©Kum’a Ndumbe III, août 2009

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