Rapport: Renaissance africaine, le rôle des jeunes
La question phare de ce forum "parole aux jeunes" organisé par AfricAvenir était de savoir quel rôle peuvent ou doivent jouer les jeunes, pour réaliser l’idée d’une Renaissance Africaine sur ce continentà Lisabet Mielke (stagiaire) rapporte. nRapport Parole aux Jeunes: « RENAISSANCE AFRICAINE : ENJEUX ET PERSPECTIVES, LE RÔLE DE LA JEUNESSE »
À la Fondation AfricAvenir, Mercredi, 17 octobre 2007
Par Lisabet Mielke
La Fondation AfricAvenir a toujours eu à organiser des forums dialogues, des palabres ou des conférences sur des sujets clés de la Renaissance Africaine.
Cette fois l’équipe a choisi un thème très fondamental: Renaissance Africaine, Enjeux et Perspectives : le Rôle des jeunes. La question phare de cette discussion était de savoir quel rôle peuvent ou doivent jouer les jeunes, pour réaliser l’idée d’une Renaissance Africaine sur ce continen? nDans la grande salle de la fondation on pouvait compter plus de 30 visiteurs. Au début de la conférence le Coordonnateur de la fondation, Monsieur Tchigankong Désiré, a accueilli les visiteurs et donné une brève introduction sur le sujet. Il a aussi fait une présentation de la fondation AfricAvenir, ses buts, et ses prestations. nLa modératrice Mme Siga Zako Emilie a ouvert la discussion, qui était animée par trois exposés préparés par de jeunes stagiaires camerounais.
Le travail de l’étudiante Naily S. Tchana Noufélé portait sur un résumé à propos du concept «Renaissance africaine», les perspectives et défis de cette Renaissance pour l’Afrique. L’origine de la Renaissance Africaine peut être trouvée dans les textes de Cheikh Anta Diop, surtout dans son texte fondamental «Quand pourrons-nous parler d’une Renaissance africaineà ».nCependant, les Hommes de Science ne sont pas les seuls à se préoccuper de la question. Certains hommes politiques en ont fait leur affaire et essayent autant que faire se peut de mettre en pratique certains préceptes de ce mouvement. Les enjeux d’une Renaissance Africaine sont multiples: il faut changer l’image de l’Afrique dans les mass medias, changer le système éducatif postcolonial et amener les africains à prendre conscience de leur histoire et de leur culture. nLa conférencière était d’avis que les africains sont des esclaves culturels des pays occidentaux alors que le progrès, l’identité des africains ne peuvent se faire qu’à travers leur culture. C’est pourquoi, il a été préconisé aux africains de faire un retour dans leur passé, de connaître l’histoire de leur continent et son évolution au fil du temps. Aucune surprise de savoir que les origines de la culture européenne se trouvent en Afrique. Cette connaissance est indispensable pour se libérer du néocolonialisme et changer les systèmes politiques, éducatifs et juridiques, hérités depuis l’indépendance et qui sont pour la plupart des copies des systèmes européens et donc pas approprié aux sociétés africaines, à leur culture ou à leur mentalité. En conséquence, la place d’une Renaissance Africaine est dans l’espace socioculturel. En ce qui concerne la jeunesse, Mme Noufélé constatait, que le plus grand problème de la jeunesse est l’ignorance. Il faut, que les jeunes comprennent, que les africaines sont capables de réaliser grands projets! nLe deuxième exposé a été fait par l’étudiant Mbang Paul Eric. Celui-ci portait sur la genèse de la Renaissance Africaine. nLa lutte pour la Renaissance africaine a toujours été un mouvement contre plusieurs mythes sur le continent africain, reposant sur les préjugés connus de tous. Le conférencier énumérait multiples raisons pour la situation alarmante de l’Afrique, comme des problèmes sociologiques, économiques, sanitaires, techniques et culturels. Les enjeux d’une Renaissance Africaine sont pour lui l’étude de l’histoire africaine, la libération culturelle de l’Afrique, l’indépendance économique et l’acceptation d’une diversité culturelle en Afrique. Les perspectives de la Renaissance Africaine se trouvent dans le concept du Panafricanisme, une transformation du système éducatif en tenant compte des langues maternelles africaines et un système économique, qui est basé sur un partage communautaire des biens et des pouvoirs en Afrique. nPour M Mbang la jeunesse, souvent appelé le fer de lance de la nation, est l’avenir de l’Afrique. Il prie les jeunes d’avoir comme leitmotiv «ensemble tout devient possible», et les invite à se réunir pour remédier la situation ambiante dans leur continent et dans leur pays pour qu’ensemble, ils relèvent les défis qui les attendent. La force de la jeunesse est sa fraîcheur, son innocence et sa capacité à apprendre et travailler pour l’Afrique de demain. nFinalement, l’étudiant Monsieur Ekollo Charles Edmond était le dernier exposant avec un discours très vivide et compréhensible. Il comparait la situation de l’Afrique avec une maladie et demandait, pourquoi et quand cette maladie a commencé. Il analysait l’histoire de la domination et l’exploitation de l’Afrique par les européens, qui a commencé avec l’esclavage. Les marchands d’esclaves ont volé les plus jeunes et baraqués des africains – l’avenir du continent.
En plus en 1884/85 les colons européens ont divisé l’Afrique comme un gâteau lors de la conférence de Berlin. Les humiliations et pillages pendant l’époque coloniale ont fait que les pays africains étaient très vulnérables après leurs indépendances. En raison de la télécommande européenne des hommes politiques égoïstes, l’aliénation culturelle a persisté jusqu’ aujourd’hui. Et c’est pourquoi M Ekollo appelle l’école «la vraie maladie de l’Afrique». Les colons et missionnaires n’ont pas appris des valeurs ou les coutumes africaines aux élèves, au contraire ils ont dévalorisé l’Afrique. Après l’indépendance les programmes des études n’ont pas changé et les élèves manquent une conscience historique et traditionnelle. Les contes par exemple sont un outil important pour la transmission du savoir. Surtout quand ils sont racontés dans les langues africaines. C’est un véhicule très important pour une revalorisation de la culture africaine. M Ekollo faisait appel à la jeunesse africaine: il y a beaucoup de choses à faire, il faut être fier de son continent et reconnaître, qu’on est soi-même responsable de sa situation. Il ajoutait, qu’il y a aussi des blancs, qui ont compris l’idée de la Renaissance Africaine et qui supportent ce combat global. nLa séance de débat était encore plus houleuse que celle des exposés. Car plusieurs invités se sentaient directement concernés par la discussion.
Une question au début était de savoir, si on a réellement besoin des blancs pour militer le combat pour une Renaissance africaine. On a pensé à Thomas Sankara, qui a refusé toute coopération avec les blancs. Les conférenciers étaient d’un autre avis et répondaient, que ce n’est pas un combat de race qui doit s’opérer pour qu’on puisse parler d’une Renaissance Africaine, mais plutôt un combat d’idéologie ou un combat de système. Ce qui est évident, c’est qu’on peut voir qu’il y a de plus en plus d’occidentaux qui s’engagent pour qu’une Renaissance Africaine puisse s’opérer. C’est le cas de la Section d’AfricAvenir à Berlin. nUn invité anglophone s’est plaint du fait qu’il n’y ait pas d’exposé en anglais. Le coordonnateur de la fondation, Monsieur Tchigankong, a répondu en lui faisant comprendre que la plupart des exposants sont des stagiaires de la Fondation AfricAvenir et que c’était vraiment dommage parce qu’aucun stagiaire «anglophone» n’a jusqu’à présent postulé. Il a cependant promis que la prochaine fois, on va y penser. nUn grand accent de la discussion a porté sur le thème des langues africaines. Les visiteurs et les conférenciers discutaient intensivement, comment on pourrait intégrer ces langues dans le système éducatif. Le problème paraît, qu’il y a par exemple au Cameroun plus de 200 langues nationales – quelle langue faut-il apprendre à l’écoleà Les solutions telles que le choix d’une langue dans chaque grande province du pays et l’apprentissage des autres langues des contrées environnantes ont été évoqués. nL’apprentissage des langues occidentales n’est pas à négliger. Il ne s’agit aucunement pour les africains de s’enfermer, mais de s’enraciner pour être assez fort au moment de négocier avec les autres peuples de la terre. Au Mali par exemple où on reconnait 13 langues nationales malgré la multitude de langue que compte le pays et qui sont enseignées à l’école primaire. Une autre idée était d’amener les média à utiliser de plus en plus les langues africaines pour amener le public à s’y intéresser davantage. Au-delà il y a des concepts plus globaux, qui essayent à établir une langue pour tout l’Afrique.
Certains visiteurs ont réclamé des propositions plus concrètes et solutions immédiates pour l’apprentissage des langues par exemple, mais les conférenciers expliquaient, que des changements immédiats ne sont pas possibles et pourraient même être dangereux. Par exemple dans les écoles il faut changer les programmes des études progressivement, à partir de l’école primaire. nCertains invités ont démontré leur scepticisme pour une Renaissance du continent. Ils se posaient la question de savoir comment l’Afrique, un continent où manque la fierté, le patriotisme et l’espoir, peut réaliser la grande idée d’une Renaissance africaine. Mme Noufélé répondait ici, que la Renaissance Africaine signifie précisément cet essor de l’abnégation, le déphasage et le désœuvrement. Pour elle, la Renaissance Africaine n’est pas une destination loin, mais le chemin il faut marcher pour arriver à la destination. Ce serait un échec si les africains sombraient dans l’Afropessimisme qui ne contribuera qu’à plonger davantage le continent dans le désarroi. nAu demeurant on a discuté sur la question, du modèle à suivre pour une Renaissance Africaine , on s’est justement demandé s’il y avait un Etat que l’on pouvait mimer en matière d’enracinement culturel pour le développement. Le seul exemple évoqué a été la Chine, qui apparaissait pour certains comme un exemple à suivre et pour d’autre comme un exemple à ne pas mimer du tout. Concernant ce point, nous n’avons pas pu tomber d’accord. nEn dehors des questions, quelques visiteurs ont exposé leur opinion sur certains thèmes. Par exemple un homme soulignait l’importance de la spiritualité pour tout réveil de chaque africain en ces termes: «Nous devons en premier lieu être nous-mêmes, savoir ce que nous sommes, avant de nous occuper des autres. Mais nous ne sommes plus nous-mêmes.» nUn autre invité a fait comprendre à l’assistance que les partis politiques et les Etats par exemple n’ont pas leur raison d’être en Afrique parce que les africains ne se reconnaissent pas dans un pareil système. Il a proposé une suppression des parties politiques et proposait des remplacer les hommes politiques d’aujourd’hui par représentants communautés. Chaque région pourrait élire son représentant à l’Assemblée Nationale. Il faut retourner aux traditions, car la politique d’aujourd’hui est seulement un jeu. nEnfin, il y a eu les propos d’un dernier invité qui faisait ressortir la nécessité et l’urgence d’une Renaissance Africaine. Les défis sont très grands, mais il faut oser tout, pour changer la situation africaine. L’histoire ne doit pas justifier un désespoir, mais peut plutôt être une source pour la révolution. «Il faut reconstruire son passé pour établir l’avenir.» Il disait, qu’on pouvait encore discuter des heures entières sur ce thème, parce qu’il pense qu’on doit sérieusement réfléchir sur la Renaissance Africaine et ne pas s’arrêter à poser des questions. Les discussions portant sur les sujets tels que: pourquoi l’Afrique n’avance pasà Quelles sont les solutions qui peuvent être avancéesà sont à encourager. Il a terminé en invitant tous les participants à vivre la Renaissance Africaine du fond de leur cœur et à s’intéresser à l’Afrique. L’Afrique n’a pas besoin des ressources ou de surplus mais du moral. Et ce moral on peut trouver dans la rue chaque jour. Chaque jeune africain doit à la sortie de cette discussion, se poser la question de savoir s’il a posé un acte qui contribue à la Renaissance Africaine. nOn a également prié la Fondation AfricAvenir à organiser de pareilles séances d’échanges pour une prise de conscience.