6 juillet 1971 – 6 juillet 2011. Célébration de 40 ans de publications internationales du Prince Kum’a Ndumbe III à la Fondation AfricAvenir International Douala

Le siège de la Fondation AfricAvenir International à Douala a accueilli mercredi 06 juillet 2011 à 18h des hôtes de marque, notamment des professeurs d’université, les autorités traditionnelles, les autorités administratives, les hommes de média, les hommes d’église, les artistes, etc. tous venus rendre un grand hommage au Prince Kum’a Ndumbe III lors de la célébration de ses 40 ans de publications internationales.

La salle est déjà pleine à craquer lorsque le Pr. Jean-Emmanuel Pondi et le Prince Kum’a Ndumbe III rejoignent Dr Guy Parfait Songue, politologue et enseignant à l’université de Douala et Jean Jacques ZE, journaliste à Canal2 International autour de la table vers laquelle des centaines de regards des hôtes présents, les uns assis et les autres débout, sont désormais rivés. La cérémonie débute finalement à 18h 45 lorsque Jean Jacques ZE en qualité de modérateur prend la parole pour souhaiter la bienvenue à tous et annoncer les différentes articulations autour desquelles se dérouleront la célébration des 40 ans de publications internationales du Prince Kum’a Ndumbe III. La grande salle de la Fondation AfricAvenir s’est avéré trop petite, il a fallu installer des chaises dehors.

Au fond de la salle, sur la vitrine qui sert de tableau d’annonces à la Fondation, était accrochée une exposition sur les 40 ans de publications internationales du Prince et les évènements sur et autour de ces publications. L’exposition présentait trois rubriques notamment politique/ histoire, théâtre, lettres/nouvelles/ essais etc. Sur l’espace réservée à la rubrique politique et histoire, on pouvait ainsi lire que grâce à sa brillante thèse de doctorat « Hitler voulait l’Afrique », le jeune Prince Kum’a Ndumbe III a été admis dans le Comité International d’Histoire de la Deuxième Guerre mondiale en novembre 1974 à titre individuel. L’on y retrouve aussi ses correspondances avec Cheikh Anta Diop et Mongo Béti et les félicitations de Senghor, François Mitterrand, Michel Rocard, Jack Lang, pour la publication du livre « Dialogue en Noir et Blanc », livre coécrit avec Jean Yves Loude et bien d’autres félicitations comme celle de l’écrivain burkinabé, le Bâtonnier Titinga Frédéric Pacere, Avocat Principal de la Défense au Tribunal Pénal International pour le Rwanda à Arusha en Tanzanie. Pour ce qui est de la rubrique théâtre, on pouvait voir sur une affiche l’annonce de la mise en scène par Kum’a Ndumbe III de son conte théâtral « Au nom d’une race » avec la participation de « Soleils fusillés » de la Campagne anti-Outspan de Lyon en 1978.

Jean Jacques Zé ouvrira la soirée par la projection de deux interviews vidéos du Prince Kum’a Ndumbe III, à savoir celle réalisée le mardi 05 juin 2011 à 11h par lui-même Jean Jacques ZE dans le cadre de l’émission « un jour, un évènement » de la chaine de télévision Canal 2 International et de l’interview réalisée au mois de juillet 2010 par Njoh Supermann de CRTV Littoral sur le cinquantenaire des indépendances au Cameroun. Cela a permis de porter à la connaissance du public la pensée émancipatrice de Kum’a Ndumbe III et de facto de la Fondation AfricAvenir International pour la renaissance africaine et la sauvegarde du destin commun de l’humanité. L’auteur de plus de 70 ouvrages en plusieurs langues, français, allemand, anglais et duala a ensuite ouvert la lecture publique par une prière rédigée en janvier 1988 en langue douala comme pour réhabiliter aussi bien la langue douala que les autres langues camerounaises qui ont été exclues du discours officiel et des institutions dominantes depuis le Cameroun allemand. C’était une prière très profonde de glorification du Dieu miséricordieux dans laquelle il s’humiliait devant l’Eternel Dieu tout puissant en le remerciant de l’avoir accompagné dans ces longues années de lutte et l’implorant de lui donner davantage de force, de courage et de sagesse pour ne pas succomber à la tentation et rester sur le chemin de la dignité et de la vérité.

La soirée s’est poursuivie par un discours du Dr. Guy Parfait Songue on ne peut plus laudatif sur la marche la tête haute du Prince Kum’a Ndumbe III. Ce dernier n’a pas manqué, au passage, de s’offusquer de ce que les médailles ne soient remises aux patriotes engagés que lorsqu’ils décèdent. A quoi cela prête-t-il quand le gouvernement camerounais remet des médailles post mortem à un intellectuel critique et « rebelle » qui, de son vivant,  a longtemps été combattu ? Quelle belle manière de célébrer ses patriotes ! « Je n’aime pas les décorations à titre posthume ! » s’exclamera-t-il. Puis vint le tour du secrétaire général de l’université de Yaoundé I, le Pr. Jean-Emmanuel Pondi. Dans un élan de modestie qu’on lui sait, ce dernier s’est, d’entrée de jeu, dit intimidé par la qualité des hôtes qui étaient dans la salle. Il est revenu sur les quelques thèmes principaux qui ont retenu son attention sur les 40 ans de publications internationales du Prince. Il s’agit entre autres de la célébration des héros africains par des pièces de théâtre telles que « Lumumba II », « Amilcar Cabral ou la tempête de Guinée Bissau », « Le soleil de l’aurore », pour ne citer que celles-là.  Il fait également mention de la politique africaine d’Hitler exposée dans le livre « Hitler voulait l’Afrique » en 1980, une question jusque-là taboue et peu importante, voire sans importance pour l’Allemagne officielle et pour d’autres citadelles européennes notamment la France où l’annonce de la thèse de doctorat sur cette question par l’université de Lyon a provoqué un tollé dans la presse de Lyon de l’époque. Il n’a pas manqué de saluer le courage du Prince qui a osé mettre au grand jour ce qui, jusque-là, était déclaré comme impossible. nLa question de la transmission du savoir dans les universités au sud du Sahara a été troisièmement soulevée. Le Pr Pondi a tout simplement reconnu que si 70.000 jeunes Africains quittent le continent chaque année, c’est surtout parce que la formation qu’ils reçoivent leur permet de s’intégrer plus facilement dans les sociétés occidentales que dans les leurs. Il continua en soulignant que la Chine a pu retenir ses cerveaux chez elle parce qu’elle a su à un moment donné de son histoire concevoir une éducation qui est en adéquation avec les besoins intérieurs et non extérieurs d’une puissance étrangère quelconque et est de ce fait à même de défendre ses intérêts stratégiques de manière durable. Il a mis l’accent sur le fait que la plus grande richesse que les Etats puissent avoir c’est le savoir, lequel doit être produit et mis en circulation aussi bien localement qu’internationalement si on ne veut pas être écrasé par les autres. Et le drame de l’Afrique résulte justement de ce que dans ce domaine, l’Afrique est restée à la traîne. Non pas parce que les Africains sont incapables de produire du savoir, mais parce qu’ils sont enrôlés tous les jours par les autres pour produire le savoir pour les autres afin de réaliser ou de perfectionner leur projet civilisationnel qui s’avère très souvent non productif, voire génocidaire pour l’Afrique. nCe ne sont donc pas seulement nos nombreuses ressources minières qui nous sauveront, mais la production d’un savoir à même de propulser l’Afrique en tant que continent dont on parle avec beaucoup de respect, en tant que partenaire parlant d’égal à égal avec les autres et en tant que continent mettant ses richesses au service de sa population d’abord et de l’humanité dans un projet global humain digne de ce siècle et des siècles futurs. Le Prof Pondi n’a pas terminé son propos non sans dire ce qu’il entend par être intellectuel. Pour lui, l’intellectuel c’est celui-là qui produit un savoir utile à sa société, un savoir susceptible de résoudre un problème précis de sa société et d’améliorer les conditions de vie de ces concitoyens. Tel est donc l’intellectuel que Kum’a Ndumbe III est et que les autres intellectuels devraient être, a-t-il conclut.

Après la longue intervention de l’auteur de « Harcèlement sexuel en milieu universitaire », le Pr. Pondi, Prince a fait son retour sur la scène par deux lectures dont le « le frère noir et le chien du Blanc », lettre publiée le 24 août 1971 par l’hebdomadaire « Jeune Afrique » à Paris,  et « l’aventure de la jeune Kala », une nouvelle tirée de « Nouvelles interdites », livre publié à Lyon en 1978 aux Editions FEDEROP. La lecture de ces deux textes a provoqué un grand émoi au sein de l’assistance. Même le Caméraman de Canal2 International Thierry Nana avouera: « J’étais suspendu aux lèvres du Prince quand il lisait »

Mais la soirée n’était pas uniquement intellectuelle. Elle était aussi musicale. La chorale Ndol’a Christo de l’Eglise Evangélique du Cameroun à Bonabéri a gratifié l’assistance de ses plus belles chansons, lesquelles, hors mis la connotation religieuse, voire spirituelle qu’elles revêtent, donnaient une ambiance de fête à cette soirée. Ekambi Brillant, n’a pas manqué à l’appel. « Mot’a mwenya », l’homme qui a fait le tour du monde grâce à ses albums à succès dans 56 pays, a donné une ambiance de concert à cette soirée en chantant avec l’assistance ces deux morceaux à succès notamment « Elongi » et « Musoloki ». L’on a entendu « Musoloki ye ye » à plusieurs reprises. A travers la répétition de « musoloki », qui veut dire solitude en duala, Ekambi Brillant a voulu témoigner sa compassion et dire ses encouragements à celui qui a mené le combat pour un Cameroun et une Afrique débout dans la solitude. Ceci, parce qu’incompris par les siens qui attendaient plutôt de lui qu’au lieu de créer une fondation, il ouvre des ventes où les gens viendraient boire en suivant un match de champions league européenne ou qu’il entre dans la « politique du ventre » pour que sa famille soit en haut. Ceci, aussi parce que devenu trop encombrant pour ceux-là mêmes qui ont pactisé avec l’élite néoconservatrice occidentale pour maintenir le Cameroun et l’Afrique vers le bas. nMais Ekambi Brillant ne s’est pas seulement contenté de faire ce qu’il sait mieux faire que les sommités intellectuelles présentes, à savoir chanter. Il a tenu un bref discours durant lequel il a confié au public qu’il était venu rendre à sa manière un vibrant hommage à la mesure de l’œuvre du Prince Kum’a Ndumbe III, celui-là même qui lui avait donné l’impression lors de leur première rencontre dans un bus à destination de Yaoundé, qu’ils se connaissaient depuis longtemps, tellement ils avaient la même perception des choses et se comprenaient facilement.

Comme pour dire à l’assistance qu’il a consacré toute sa vie à lutter pour la vraie indépendance du Cameroun et de l’Afrique, Prince a mis un terme au volet consacré à la lecture publique par la lecture d’extraits du livre « 50 Ans déjà ! Quand cessera enfin votre indépendance-là ??? », publié aux Editions AfricAvenir/Exchange & Dialogue à Douala en 2011. Après cette lecture, il a tenu un discours magistral au cours duquel il a soulevé une question fondamentale : Non celle de savoir si en ce 21e siècle les Etats africains sont démocratiques ou pas, mais au contraire celle de savoir si les innombrables richesses africaines sont d’abord utilisées pour les Africains afin qu’ils vivent dans la dignité.

Comment ne pas évoquer ici le chef d’œuvre réalisé par la Princesse Donatella, créatrice de mode et décoratrice. Elle a fait étalage de son savoir faire artistique en décorant la salle de couleur d’or, de deux jeunes palmiers et d’énormes écorces d’arbres sur lesquelles pendaient quelques lianes aux feuilles vertes. Ses deux mascottes vêtues de tenues liant tradition et modernité et positionnées de part et d’autre de la table étaient vraiment la cerise sur le gâteau d’une décoration à la taille d’un prince qui, lui, s’est illustré dans l’écriture.  

Il est important de souligner que le texte "Le Monstre", publié sur 4 pages dans "Jeune Afrique" le 6 juillet 1971 avec cette introduction : "Il n’y a pas les Blancs et les Noirs. Il n’existe que deux races : celle de l’exploiteur et celle de l’exploité" a été remis en présent à tous les invités à mesure qu’ils entraient dans la salle. Par ailleurs un CD audio contenant des émissions radio récentes du Prince Kum’a Ndumbe III telles que « POLITUDE » de CRTV poste national réalisée le 21 mai 2011 pendant 40 minutes par CHATAH BILE et l’émission « une semaine, un dimanche » de la radio Equinoxe présenté Le 05 juin 2011 par Duval FANGWA pendant une heure, ainsi qu’un CD vidéo contenant les émissions télé récentes du Prince en l’occurrence les vidéos projetées en ouverture de la soirée ont été remis comme cadeau à tous ceux qui ont acheté le livre « 50 Ans déjà ! Quand cessera enfin votre indépendance-là ??? ».   

Après la dégustation du gâteau en forme de livre sur lequel était inscrit un texte en grand : « 40 ans de publication. 6 juillet 1971- 6 juillet 2011. Félicitations à vous prince Kum’a Ndumbe III ! », et la dédicace du livre « 50 Ans déjà ! », les convives se rendirent chez le Prince pour un cocktail. Il était un peu plus de minuit lorsque les invités quittaient la résidence du Prince. Cette célébration aura été une véritable découverte pour les uns et une redécouverte pour les autres de 40 ans de publications internationales de haut niveau du Prince Kum’a Ndumbe III. Comme lui-même disait, les gens ne viennent pas à cette célébration pour manger,  mais pour découvrir les publications qui ont jalonné ces 40 ans de publications. On peut dire sans se tromper que la mission a été accomplie.                 

Charles Edmond EKOLLO
Assistant Editions AfricAvenir/Exchange & Dialogue
Tel : 237  75 50 36 30gro.rinevacirfa@olloke.e

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