Prince Kum’a Ndumbe III: Appel à l’intelligentsia européenne et nord-américaine pendant l’agression concertée de leurs gouvernements contre les peuples africains en 2011

Ce texte sera présentée par le Prince Kum’a Ndumbe III lors de l’ouverture de la conférence "(Post-)Colonialism between Cameroon and Germany – Knowledge, Science and Justice", les 19 et 20 september 2011 à l’Université Goethe de Francfort en Allemagne. n|+| version pdf

Mes chers collègues de la science, de la pensée et de la plume,

« Et ceterum censeo, Carthaginem esse delendam ! »  
(Et je suis d’avis que Carthage doit être détruit !)

C’est ainsi que clôturait Cato Censorius chacun de ses discours devant le sénat à Rome, même quand son discours ne concernait pas les relations avec l’Afrique. La guerre fut déclenchée en 150 av. J. C. et Carthage fut détruit.

En ces mois tragiques de l’agression concertée des gouvernements européens et nord-américains contre les peuples africains depuis l’année 2010, en ces campagnes de bombardements intensifs des sites édifiés à la sueur de nos fronts après les siècles d’esclavage et de colonisation qui nous avaient ruinés, en ces périodes de guerre médiatique de l’occident pour désinformer la population mondiale sur les actes barbares de pays dits « civilisés » et « démocratiques »  perpétrés sur la terre d’Afrique, en ces moments tragiques de tueries massives de nos frères et sœurs commis par les armes sophistiquées de l’occident avec l’appui des nôtres intégrés dans la cinquième colonne des puissances du nord, oui en ces temps où l’intelligentsia européenne et nord-américaine prête sa plume engagée pour justifier l’innommable, la déchéance éthique et morale, il est urgent de vous lancer un appel pour que devant l’histoire, devant les peuples de la terre et devant Dieu, chacun prenne ses responsabilités.

1 – L’agression concertée contre les peuples africains en ce début du 21è siècle : leçons de l’histoire

Sur cette terre d’Allemagne, en votre capitale Berlin, l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) regroupant 28 pays avec une population de 893 millions d’habitants a décidé le 14 avril 2011d’agresser de manière concertée et de pilonner par ses bombes sophistiquées le peuple de Libye composé de 6,17 millions d’âmes seulement. Ni le gouvernement, ni le peuple libyen n’ont jamais déclaré la guerre à un pays européen ou nord-américain pour s’attendre à une riposte de Blitzkrieg, une guerre éclair. Ni le gouvernement, ni le peuple de Côte d’Ivoire n’ont jamais déclaré la guerre à un pays européen ou nord-américain pour s’attendre à des massacres collectifs d’hommes et de femmes qui n’aspiraient qu’à la souveraineté sur leur propre territoire. L’Europe alliée aux Etats-Unis d’Amérique a perdu en ces mois-ci la bataille de la promotion du destin commun de l’humanité, l’occident s’est mis à nu en étalant une violence extrême contre l’éthique, la morale et la vérité. L’argent, le profit et l’agression de haut banditisme international sont érigés en valeurs suprêmes pour la gestion de l’humanité, l’intelligentsia et les médias des grosses fortunes emballent ces nouvelles valeurs dans des enveloppes sur lesquelles sont gravés les termes « démocratie », « liberté », « développement ». Trop, c’est trop !

Moi, Prince Bele Bele, Professeur des universités de rang magistral, écrivain qui a cherché le dialogue en vous parlant dans vos langues européennes, je vous dis ceci : trop, c’est trop ! Toutes les bornes ont été dépassées. L’occident nous fait la démonstration au quotidien, depuis l’agression contre l’Irak, qu’il n’est intéressé ni au destin commun de l’humanité, ni au dialogue entre les peuples. Son seul souci s’est dévoilé être la domination absolue sur le monde, domination militaire, domination financière, domination culturelle et domination de la pensée. Nous, qui en Afrique nous sommes battus jour et nuit pour convaincre nos peuples de la nécessité du dialogue avec l’occident, de l’urgence d’un engagement collectif pour le destin commun de l’humanité, nous avons perdu toute crédibilité, nous avons été fragilisés de manière durable par vos agressions concertées qui ne visent qu’à déposséder les autres peuples des biens qui leur ont été légués sur leur propre territoire. Tout ce qui est sur la terre ne devrait qu’appartenir à l’occident euro-nord-américain, un occident qui déterminera alors les miettes à laisser aux autres peuples.

1884-2011 : les bombardements en Côte d’Ivoire, en Libye, peut-être bientôt au Cameroun nous renvoient à la conférence de Berlin convoquée par le Chancelier allemand Otto von Bismarck du 15 novembre 1884 au 26 février 1885. En l’absence des Africains, les Européens décident de régler la navigation sur le fleuve Congo pour la propension de l’économie de l’Europe en pleine révolution industrielle, avec ses énormes besoins en matières premières et en nouveaux marchés au-delà du continent européen. Les Européens s’entendent pour ne pas faire la guerre entre eux à cause de la dispute des richesses de l’Afrique. Ils doivent s’entendre autour d’une table de conférence à Berlin, déterminer le partage des zones d’influence respectives sur le sol africain,  puis surgir collectivement sur le continent et agresser au même moment les gouvernements et peuples africains qui ignoraient tout de ce plan d’agression concertée. L’intelligentsia européenne couvrira ces actes de barbarie en qualifiant plutôt les Africains de « peuples barbares », « peuples ayant vécu en marge de l’histoire », comme prétendait Hegel, « peuples illettrés », « peuples païens », « peuples en attente de la civilisation », « peuples nécessitant la lumière de l’évangile de Jésus-Christ », un fils de l’orient rebaptisé et importé chez nous comme un « Jésus Christ blanc de l’occident ». La colonisation sera donc justifiée par les médias européens, les livres scolaires et universitaires, les livres religieux, les romans et pièces de théâtre des penseurs et hommes de plumes européens. Rarissimes furent les voix de penseurs européens qui s’insurgèrent contre l’imposture de cette guerre de destruction massive contre les peuples africains rebaptisée « pacification » au 19è et 20è siècle.

2- Ignorance, imposture et manipulation de l’opinion

« L’Afrique n’est pas une partie historique du monde. Elle n’a pas de mouvement historique en elle…ce que nous entendons précisément par Afrique est  l’esprit ahistorique, l’esprit non développé, encore enveloppé dans des conditions de naturel et qui doit être présenté ici seulement comme au seuil de l’histoire du monde »  Le philosophe allemand Friedrich Hegel (1770-1831) avait donc fixé les repères essentiels. Il sera repris 176 ans après sa mort par le Président de la République Française Nicolas Sarkozy le 26 juillet 2007 dans un discours insultant les peuples africains à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar :

 « Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire. Le paysan africain, qui depuis des millénaires, vit avec les saisons, dont l’idéal de vie est d’être en harmonie avec la nature, ne connaît que l’éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles.

Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n’y a de place ni pour l’aventure humaine, ni pour l’idée de progrès.

Dans cet univers où la nature commande tout, l’homme échappe à l’angoisse de l’histoire qui tenaille l’homme moderne mais l’homme reste immobile au milieu d’un ordre immuable où tout semble être écrit d’avance.

Jamais l’homme ne s’élance vers l’avenir. Jamais il ne lui vient à l’idée de sortir de la répétition pour s’inventer un destin. »  

Voilà la conviction d’un président français en ces temps de bombardement en Côte d’Ivoire et en Libye. Nous continuons en Afrique à insister sur le respect de l’univers dont nous ne sommes que des composantes, et du respect de la nature qui nous porte et qui nous permet de vivre. Tout progrès de l’humanité dépend de ce respect-là, contrairement aux idées de progrès du libéralisme capitaliste guerrier qui plonge l’humanité dans une détresse sectaire, arrachant l’essentiel au plus grand nombre, et gavant une toute petite minorité de la planète.

L’écrivain français Victor Hugo, auteur obligatoire au programme des écoles de l’Afrique francophone, donnait lui, le sens de l’action déjà le 18 mai 1879 :

« Cette Afrique farouche n’a que deux aspects : peuplée, c’est la barbarie, déserte, c’est la sauvagerie, mais elle ne se dérobe plus.nAu dix-neuvième siècle, le blanc a fait du Noir un homme ; au vingtième siècle, l’Europe fera de l’Afrique un monde.nRefaire une Afrique nouvelle, rendre la vieille Afrique maniable à la civilisation, tel est le problème. L’Europe le résoudra. Allez, Peuples ! Emparez-vous de cette terre. Prenez-la. A qui ? A personne. Prenez cette terre à dieu. Dieu donne la terre aux hommes. Dieu donne l’Afrique à l’Europe. Prenez-là »  

Incroyable, n’est-ce pas ? Et de la bouche d’un brillant intellectuel européen, censé détenir le savoir. Mais voilà la structure mentale qui guide l’intellect et le subconscient de la plupart des intellectuels, hommes et femmes politiques de l’Europe quand leurs pensées se dirigent vers l’Afrique, et ils ont même réussi à injecter ce virus dans l’âme de certains de leurs élèves et disciples africains.

Dieu a donc donné l’Afrique à l’Europe, c’est sa propriété décidée et voulue par Dieu. La conférence de Berlin de 1884/1885 mettra pour la première fois en place une agression concertée de l’Europe contre l’Afrique, selon la vision de Hegel, Victor Hugo et autres intellectuels européens. L’OTAN demandera à la France et à la Grande Bretagne en 1957 de s’assurer avant de céder à l’indépendance des pays africains que toute l’Afrique restera une zone d’influence exclusive de l’OTAN.  Or le Colonel Kadhafi, Président de la Jamahiriya libyenne, investira des sommes impressionnantes dans l’unification de l’Afrique en soutenant de manière décisive l’Union Africaine. Kadhafi financera en 2006 le premier satellite africain RASCOM avec 300 millions $ sur les 400 millions $ nécessaires. La Banque Africaine de Développement financera 50 millions, et la Banque Ouest Africaine de développement 27 millions. L’Afrique sera ainsi libérée dès 2007 des 500 millions $ qu’elle devait payer chaque année à l’Europe pour les conversations téléphoniques même à l’intérieur du continent et le transit des voix sur les satellites européens comme Intelsat. Les 30 milliards $ appartenant à la Libye et saisis par les USA devaient contribuer à financer la Banque Africaine d’Investissement à Syrte en Libye, la création dès 2011 du Fonds Monétaire Africain avec un capital de 42 milliards $ avec Yaoundé comme siège et la Banque Centrale Africaine avec son siège à Abudja au Nigéria qui devait émettre une monnaie unique africaine . L’OTAN devait mettre fin à tout prix à cette expérience d’émancipation des peuples africains.

« Et ceterum censeo, Carthaginem esse delendam ! » clamerait encore Canton l’Ancien

C’est pour cela qu’une autre conférence de Berlin se tiendra le 14 avril 2011 sous les auspices de l’OTAN pour mener une autre agression concertée avec des armes hautement sophistiquées contre le gouvernement et le peuple de Libye. Malgré la guerre médiatique de l’occident dans les foyers africains, nos peuples ont compris et ne sont plus dupes. En Libye de Kadhafi, sont gratuits le logement, la médecine, l’éducation, la nourriture. Où avez-vous vu cela en Europe, en Amérique, ou même en Afrique ? L’occident ne prend plus de gangs, la honte a disparu, il n’y a plus de moralité, seule l’intoxication, le mensonge et la force brute doivent dorénavant régler les relations entre l’Europe et l’Afrique.
L’Europe et l’Amérique du nord doivent s’assurer que les dirigeants africains au pouvoir leur laisseront la pleine liberté d’action dans le pillage systématique des richesses africaines. Ceux qui s’y opposeront seront renversés, exilés, tués ou traînés devant une Cour Pénale Internationale spécialement conçue pour cette cause. Même le terme justice s’est vidé de son sens étymologique dans ces relations internationales bien spéciales. Etant le premier pays de la coalition OTAN à bombarder la Libye le 19 mars 2011, la France revendique une quote-part de 35% du pétrole libyen en ce septembre 2011. Les médias occidentaux ne nous disaient-ils pas qu’il s’agissait plutôt de chasser les dictateurs et d’importer la démocratie dans les pays africains ? Alors, que vient faire une quote-part de pétrole dans cet élan de civiliser, de démocratiser l’Afrique, Monsieur Sarkozy?

Voilà où en sont les relations entre l’Europe, l’Amérique du Nord et le continent africain en cette année 2011, et les relations dans la recherche scientifique, dans la diffusion des résultats de recherche, dans la dissémination du savoir, dans les relations culturelles s’inscrivent dans le champ des intérêts politico-économiques transformés aujourd’hui en champs de batailles militaires. Notre conférence aujourd’hui à Francfort sur le (post) colonialisme entre le Cameroun et l’Allemagne s’inscrit parfaitement dans le sillage de l’utilisation brutale de la force pour dire aux Africains qu’ils ont à suivre les chemins tracés par leurs partenaires euro -américains, la diplomatie ayant largement cédé la place à la force de frappe de l’argent et aux bombardements militaires.

3- Du financement de la recherche et d’un supposé dialogue scientifique

Alors, me demanderez-vous, et nous qui au-delà des continents oeuvrons pour un dialogue dans la recherche scientifique, dans la culture, dans la pensée, à quoi devons-nous dorénavant nous en tenir ? Et moi de vous demander : un pays pauvre très endetté serait-il en mesure de financer la recherche scientifique et de mettre sur pied un dialogue scientifique international ? Les 46 pays africains d’Afrique noire ont accumulé une dette globale de 400 milliards de $. Nous sommes donc très endettés. Ce que l’on ne nous dit pas souvent, c’est que la France, la Grande-Bretagne, et l’Italie ont accumulé chacun une dette de 2.000 milliards de $, et que le champion de l’endettement, les Etats-Unis d’Amérique, affichent une dette de 14.000 milliards de $. Et les médias euro -américains ressassent que le grenier Afrique est pauvre, et on ne cesse de venir s’approvisionner dans le grenier. En 2011, la plupart des pays africains ne sont pas parvenus à maîtriser l’exploitation et l’utilisation de leurs richesses, et encore moins la juste répartition. Ainsi, la recherche scientifique souffre à être financée avec des moyens adéquats.

Dans ses relations avec l’Allemagne, le Cameroun finance les enseignements de l’allemand dans le secondaire, dans le supérieur, et des encouragements financiers à la recherche sont octroyés aux enseignants du supérieur. Les départements d’histoire professent aussi des cours d’histoire de relations entre le Cameroun et l’Allemagne. Cependant, il manque de véritables institutions de recherche camerounaises ayant pour objectif de se focaliser sur l’histoire, la politique, l’économie ou la culture entre les deux pays. Le Cameroun n’a installé aucune institution en Allemagne, en Europe ou ailleurs non plus pour faire ce travail. L’Allemagne par contre, grâce à ses structures universitaires et de recherche a crée des points focaux sur l’Afrique comme à Bayreuth, Leipzig, Berlin, Hambourg, Francfort, etc.. Des institutions comme le DAAD, Humboldt-Stiftung, les fondations politiques comme la Freidrich-Ebert, Konrad Adenauer, Heinrich Böll, Hans Seidel, Friedrich Naumann, l’Institut Goethe, très actifs en Allemagne sont en partie présents sur le sol camerounais. A l’université de Yaoundé I, le Centre d’Information du DAAD a été crée en 2009 et rayonne dans la sous région. Le bâtiment du  Centre pour la Coopération Scientifique entre l’Afrique et l’Allemagne (CCSAA) sera opérationnel avant fin 2011. Les deux centres sont financés par l’Allemagne. Si d’un côté l’Allemagne a mis en place des institutions pour assurer la recherche sur et avec le Cameroun, le Cameroun peine à avoir des structures équivalentes. Dans ce déséquilibre, il est compréhensif que l’orientation et les champs de la recherche sur le (post) colonialisme, le débat entre les deux parties sur la question, la diffusion des résultats de recherche, dépendent des initiatives, des structures et des financements essentiellement allemands. Ce déséquilibre trace des limites à la conception, à la mise en place et aux résultats de la recherche sur nos relations bilatérales.

Je voudrais illustrer ce déséquilibre par un exemple. Quand j’ai eu à diriger le département d’études germaniques à la Faculté des Lettres et Sciences humaines de l’Université de Yaoundé dans les années 80, j’ai constaté que dans la recherche sur la période coloniale allemande, un déséquilibre existait déjà dans les sources utilisées. Dans les archives au Cameroun et en Allemagne on retrouvait essentiellement les documents confectionnés et rédigés par les autorités administratives, religieuses ou civiles allemandes, à l’exception de quelques rares documents produits par des Camerounais. Le déséquilibre se constatait donc déjà dans la production même des documents d’archives, or il s’agit bien de relations bilatérales. J’ai donc mis en place en 1982 un groupe de recherche pluridisciplinaire intitulé « Souvenirs de l’époque allemande au Cameroun », et un second groupe, « Traduction de textes fondamentaux de l’époque coloniale allemande », puisque la majorité des chercheurs camerounais sur cette époque ne lisait pas l’allemand. Nous avons sillonné tout le Cameroun et nous avons pu retrouver des Camerounais déjà très âgés qui avaient encore vécu directement ou par leurs parents interposés la période allemande. C’est ainsi que nous avons pu enregistrer 120 témoins camerounais de l’époque allemande sur la base d’un questionnaire pluridisciplinaire très détaillé. Nos interlocuteurs s’exprimaient dans leurs langues camerounaises, en français ou en anglais. Ces archives sonores vieilles de bientôt 30 ans sont menacées de destruction à cause de leur support, les bandes magnétiques. Le travail scientifique aujourd’hui consiste à les sauver en les mettant sur un autre support, à les transcrire, à les traduire et à les publier aussi bien dans les langues originales qu’en français ou en anglais.

Nous avons cependant remarqué que dans le projet que nous avons formulé pour mener méthodiquement ce travail, la plupart des partenaires s’intéressent uniquement à la transposition des interviews  sur un autre support, ce qui leur permettrait d’avoir accès à ces documents. Un partenaire américain dira qu’il s’agit effectivement de la question de « ownership » de ces archives, en insistant clairement que pour être financés, nous devrions renoncer à la « ownership » de ces archives au profit du partenaire américain et de ceux que lui il désignera. Or les partenaires intéressants pour nous seraient ceux que l’ensemble du projet intéresserait, de la transmission sur un autre support à la traduction et à la publication des interviews, étant donné que les résultats de cette recherche feraient avancer la recherche sur ces relations internationales et bilatérales et reviendraient aux différents partenaires impliqués.

Dans le cheminement de cette recherche de témoins camerounais de l’époque allemande, nous avons pu obtenir au fil des ans des documents rédigés à la main dans les langues camerounaises par ces témoins ou leurs parents. Les chefferies traditionnelles, les familles des maîtres d’écoles ou d’évangélistes camerounais de l’époque allemande possèdent encore des documents qu’il est urgent de sauver. Nous faisons ce travail de collecte et d’archivage au sein du siège de la Fondation AfricAvenir International à Douala, dans la limite de nos moyens, mais sur nos propres fonds. Nous venons par exemple d’acquérir récemment le document « Bila ba Baku (Dahomey), 1892 », un récit en langue duala de la révolte des esclaves mercenaires du Dahomey à Douala en 1893 par un témoin oculaire. Ce document complèterait à merveille le travail de Adjai Paulin Oloukpona Yinnon sur la question.  Le projet a évolué et inclut aujourd’hui les archives des familles et des chefferies traditionnelles qui nous instruisent sur le fonctionnement des sociétés camerounaises avant et pendant la colonisation allemande.  Le projet est intitulé :

Preservation and Transmission of Cameroon’s Collective Memory
Contribution to the preservation of the heritage of the Cameroonian witnesses of history during the birth of modern Cameroon in 1884-1916 and 1920-1930

Voilà où nous en sommes aujourd’hui, l’objectif majeur de nos efforts étant de rendre aux Camerounais la mémoire effacée qu’ils ont héritée des colonisations allemandes, françaises et anglaises et de permettre à nos partenaires une nouvelle lecture de leur propre évolution et de nos relations mutuelles.

Nous avons atteint en 2011 le seuil de l’inacceptable et de l’intolérable dans l’agissement des partenaires européens et nord-américains sur le sol d’une Afrique qui se bat pour sa souveraineté et pour l’utilisation propre de ses diverses richesses. L’Afrique aujourd’hui diversifie ses relations en accordant aussi une place aux pays émergents comme le Brésil, l’Inde, la Chine ou les deux Corées. L’Europe et l’Amérique ne devraient pas s’en offusquer, puisque elles-mêmes entretiennent des liens les plus étroits avec ces nouvelles puissances. Il est urgent de faire comprendre à tous nos partenaires que l’Afrique ne doit pas rester un continent riche avec des habitants pauvres pour que les partenaires puissent y trouver un bon compte. Une Afrique développée avec des habitants qui assurent leur dignité financière au quotidien sera un partenaire encore plus intéressant pour les autres pays et continents, car la force d’achat de plus d’un milliards d’Africains permettra des échanges encore plus renforcés et lucratifs.

Les intellectuels africains sonnent la sonnette d’alarme, nous demandons à l’intelligentsia européenne et nord-américaine d’éclairer la cécité de certains de leurs leaders politiques détenant les leviers du pouvoir et devenus des chefs de guerre dont le seul langage avec l’Afrique reste la force brutale. Or même si ceux-là agissent encore comme au 19è siècle, les Africains de 2011 sont décidés à devenir souverains sur leur sol et à utiliser leurs richesses d’abord pour leur propre population. Nous sommes prêts à mourir pour cela, s’il le faut, et à transmettre le flambeau de la lutte à nos enfants et petits-enfants. Mais le dialogue et la sagesse sont préférables, pourvu que de l’autre côté, il y ait un penchant visible pour comprendre et pour agir dans le sens d’une coopération internationale sauvegardant le destin commun de l’humanité. C’est pour cela qu’il est honnête et important de rendre un vibrant hommage à l’engagement et au travail sans relâche des sections d’AfricAvenir International en Europe et à d’autres initiatives qui en Amérique du nord et en Europe disent ceci à leurs dirigeants : « vous ne pouvez plus continuer à faire tout cela au nom de nos peuples. Non, ça suffit ! Ici en Europe, ici en Amérique du nord, nous continuons à plaider pour un destin commun de l’humanité ! Voilà notre engagement ! » C’est cet engagement qui permettra la réconciliation sincère, au-delà des continents.

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