Projection cinématographique, une première appréciée

Rapport de la projection du film "Yellow Card" au lycée de Makepe en janvier 2008. Par les élèves Corinne Wouabeng PALL et Laurette Kamdoum PALL.

Projection cinématographique, une première appréciée
par les élèves du Lymak

En prélude à la semaine culturelle 2008, 2 jeunes de l’ONG AfricAvenir sont passés dans les salles de classe du Lymak le mercredi 30 janvier. Ils informaient les élèves de la projection d’un film africain le mercredi suivant. L’indifférence des élèves face au message montrait qu’ils n’étaient pas branchés côté culture , surtout que c’était avant la pause de 10h. Il s’agit d’heure ? laquelle les estomacs subissent des torsions fermant les oreilles ? toute parole. Jusqu’au mercredi annoncé, les élèves ne faisaient pas la moindre allusion ? l’attitude qu’ils afficheraient par rapport ? cette projection, une première chez nous. Le jour de RDV arrivé, M. Nguetio et M. Owona, les censeurs du lycée, s’activaient à brancher des câbles d’électricité du censorat à la PD. Ils concrétisaient de ce fait le projet cinéma chez nous. nLa salle très étroite
Entre temps, une foule d’élèves ajoutés aux élèves de la PD restés en classe, occupaient déjà la salle et même les couloirs de la classe hôte. A 10h30, environ 300 élèves de 3ème en 1ère, puisque la communication avait été faite dans toutes ces classes là (11 au total). Tous les tables bancs étaient occupés par 4 personnes, et d’autres élèves étaient postés entre les rangées des bancs. Le décor lamentable, ressemblait à celui des bateaux d’immigrés clandestins en partance pour l’Europe. Ils projetaient d’y rester ainsi pendant 1h30, durée de la projection. Visiblement, personne ne se plaignait de la surcharge.
A l’heure de la projection, une rumeur à peine ventilée a été confirmée. Seuls les élèves de 2nde étaient conviés à l’évènement. Cela permettrait au seul ventilateur installé d’aérer les 150 ou 200 élèves qui y resteraient, dans un minimum de confort. L’arrivée de M. Songue à cet instant a été bénéfique. En effet, il a procédé ? une évacuation stricte de la salle, et y a installé les élèves de 2nde. Ceux de 3ème et 1ère, ajoutés à quelques élèves des autres classes, curieux de savoir ce qui se passait, ne se installés sous la véranda. L’obscurité qu’ils ont ainsi créée dans la salle de projection a amélioré le confort du visionnage du film. nLes objectifs de Africavenir
A 10h55min les vraies choses ont pu commencer avec la présentation de l’ONG Africavenir par son coordonnateur, Désiré Tchigankong. Il s’agit de « la fondation pour la renaissance de l’Afrique, le développement, la coopération internationale et la paix ». De cette présentation, il est ressorti que l’ONG Africavenir a été fondé en 1990 par le prince Kuma Ndumbe III. Son but avoué est de promouvoir la renaissance de la culture africaine dans les langues, le cinéma, la littérature , et établir la conscience et la fierté des populations africaines.
Le résumé du film ‘’ yellow card’’ de John Riber
A 11h25, la projection a été lancée dans un calme ordonné par Mme Ngouh Solange, coordonnatrice du club journal. Les actions jugées « chaudes » étaient acclamées par les élèves qui ne sont pas restés silencieux. Ils semblaient tout comprendre, parfois au-del? de ce qu’on attendait d’eux. Il suffisait d’un rapprochement entre deux personnages de sexe opposé ou d’un regard profond entre Juliet et Tiyane (les héros du film) , ou de la prononciation d’un mot référant à la sexualité pour que les cris fusent de partout dans la salle. « Yellow card », le film zimbabwéen du réalisateur et producteur John Riber était projeté en anglais, sous titré en allemand et en Français. Le film est l’histoire de Tiyane, un jeune lycéen et tombeur de filles , puisqu’il est une star de football dans son lycée. Il rêve de devenir footballeur professionnel en Europe, à Manchester United. Tyane aime Linda sa camarade de classe avec qui il fait la classe de 1ère. Au cours de sa relation avec elle, le jeune footballeur tombe aussi amoureux de Juliet, une élève métisse de degré supérieur qui habite un quartier chic de la ville. Il a déjà conquis cette dernière quand Linda lui annonce qu’elle est enceinte de lui. Il lui répond que c’est son affaire à elle, pas la sienne à lui. Tiyane voit son avenir bouleversé lorsque un matin, il entend à la sortie de sa chambre, les pleurs d’un bébé. Il s’en approche, et découvre dans la couette, un message d’abandon de la jeune mère Linda, qui vole vers de nouveaux horizons. Sa paternité menace de bouleverser sa carrière prometteuse de grand joueur, et son rêve d’épouser Juliet qu’il a déjà présentée à ses parents. Ceux-ci ignorent l’existence de Linda et du bébé. Sur le conseil de son ami, Tiyane va confier son bébé à sa mère , puis courir vers Juliet pour lui tout avouer. A peine se prépare-t-il à commencer son mea culpa, que cette dernière confie à son amoureux le drame dont elle a été victime quelques années plus tôt.
A son retour des classes un jour, raconte-t-elle, la jeune fille a fait l’autostop pour rentrer chez elle. La bande de garçons qui l’a portée dans leur voiture, et ils l’ont violée. Depuis lors, elle se méfie de tout ce qui est garçon. Mais Tiyane semble lui redonner confiance. L’on comprend alors le silence de Tiyane sur son problème qu’il venait confier à sa nouvelle conquête. Sa mère profite donc d’une visite de sa future bru Juliet chez elle pour tout lui raconter sur le bébé que la jeune fille découvre à l’occasion. nLes élèves réclamaient la suite du film
La réaction de Juliet ne se fait pas attendre à la suite de cette pilule. Elle met un terme à l’idylle à peine commencée en ces termes : « Tiyane, ton bébé est très beau et mignon, mais il n’est pas le nôtre » Le film s’achève avec l’abandon de l’enfant à Tiyane et la rupture de leur idylle pourtant au top de sa forme. Cette fin a été contestée par les élèves qui réclamaient la seconde partie du film où on reverrait « Tiyane et Juliet réunis » clamaient-ils tous. Il leur sera répondu que la fin de ‘’yello card’’, c’est à Africavenir, situé sur l’ancienne route Bonabéri, en face de Royal Hôtel. Ils y verront d’autres films, encore plus intéressants. nLes meilleures intentions portaient sur les conseils
Dès lors, le débat annoncé aussi important que le film a débuté. Il découlait du film, et portait sur la précocité sexuelle, un acte à assumer. Ce thème était en rapport avec la fête de la jeunesse. Le micro a été baladé dans la salle pour faire intervenir les élèves au cours du débat orienté et agrémenté par Mme Ngouh Solange, professeur de français, M. Ebongue du GEMEC, et Désiré Tchigankong sur l’intérêt d’un tel film pour les élèves spectateurs de ce jour. Les meilleures interventions allaient exclusivement dans le sens des conseils. On aura retenu qu’« il ne faut pas mélanger vie sexuelle et études ». Par ailleurs, la collaboration entre parents et enfants a été fortement recommandée pour avoir des solutions et une oreille pour nos problèmes. À 13h 20 min, la journée cinématographique a pris fin avec les commentaires les plus fous et les plus osés sur le film, très intéressant au goût des élèves. On voyait encore les jours suivants des élèves rire à tue-tête quelques séquences du film dont ils se rappelaient les gestes et les paroles. Le moins que l’on puisse dire, est que c’était une journée enrichissante. A travers ce film, les élèves ont pu constater que les films africains sont sans doute plus intéressants que les films occidentaux, permettant ainsi de confirmer que l’un des objectifs de nos hôtes était atteint. C’était aussi une expérience immense pour eux avec l’ambiance classiale hors pair, puisque sans noms de bavards, ni exercices. nNous reviendrons dès que vous en ferez la demande
À la question de savoir ce qu’il pense de cette expérience faite au Lymak, Désiré T. nous a confié que: « Regarder le film assis au milieu des élèves m’a permis de découvrir certains aspects du film que je n’ai pas souvent vus en le regardant plusieurs fois seul ou avec des adultes, mais aussi, le lycée de Makèpè, via son proviseur, et aujourd’hui ses élèves, s’est fortement démarqué de ce projet de film africain. Nous sommes prêts ? revenir dès que vous en ferez la demande ». Mais d’ici ? l? , africavenir nous attend ? Bonabéri individuellement ou en groupes, pour d’autres projections tout aussi intéressantes. nLes leçons du film
Les élèves auront-ils compris, filles et garçons que Yellow card (carton jaune) traduit un avertissement au désir de jeunesse qui nous joue tant de tours lorsqu’on est sourd aux conseils. Seuls les prochains jours nous le diront, lorsqu’il y aura moins de déperditions scolaires masculines pour cause de football, et moins de déperditions scolaires féminines pour cause d’études interrompues du fait des grossesses précoces et non désirées , alors qu’on n’est encore que des enfants. Mais déj? la joie de ceux qui ont regardé le film est un signe de remerciements des lymakiens au promoteur d’Africavenir et au proviseur M. Edjang Njenji Guillaume Ernest qui a permis cela chez nous. Mais le regret de ceux qui n’y ont pas eu accès est un gros reproche à nos encadreurs. Pourquoi avoir lu le communiqué dans les classes autres que les secondes pourtant seuls conviés ? Pourquoi avoir exclu les autres du projet quand nous savons que installer l’écran dans un établissement scolaire ne court pas les rues, surtout lorsqu’il s’agit d’un sujet de sexualité encore tabou absolu, dans de nombreuses familles? nCorinne Wouabeng PALL
Laurette Kamdoum P ALL"

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